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Le Parc national du Mercantour abrite plus de 12 000 espèces !

today15 mars 2023 87 1

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Un secteur de 12 000 hectares de nature préservée a été défini entre le Parc national du Mercantour et le Parco Naturale Alpi Marittime, qui ont été jumelés en 1987 avec l’ambition de valoriser une continuité territoriale malgré les frontières. Cette collaboration leur confère une place privilégiée au statut de premier Parc européen.

Entre terre et mer, s’y promener est l’occasion de découvrir un monde merveilleux. Les visiteurs sont toujours surpris de pouvoir fouler les terres de canyons, de grands pâturages mais aussi de s’engouffrer dans des forêts denses, de pouvoir se détendre au bord de nombreux lacs ou de croiser les gypaètes barbus au sein de crêtes rocheuses… Les immenses terrasses d’oliviers rappellent à ceux qui foulent les terres de ce territoire qu’ils se trouvent bien dans le Sud. Vous l’aurez compris, c’est une zone unique en son genre du fait de sa diversité qu’il faut absolument visiter !

Pour préserver la biodiversité et l’apprivoiser sans lui porter atteinte, à la fin de l’année 2006, un appel à projet avait été lancé par l’European Distributed Institute of Taxonomy (EDIT), un réseau européen d’excellence en taxonomie. Cet appel à projet proposait d’assister les espaces naturels protégés dans la mise en place d’inventaires de la biodiversité, dont l’intitulé exact est ATBI (All Taxa Biodiversity Inventory). La décision faisait suite à l’expérience d’ATBI menée depuis 1998 par les équipes du Parc national américain des Great Smoky Mountains, en collaboration avec l’ONG Discover Life in America, qui a été un véritable succès pour les recherches liées à la biodiversité du site.

Les lacs de Prals. Parc national du Mercantour. Photographie de Charlotte Joyeux
Les lacs de Prals du Parc national du Mercantour. Photographie de Charlotte Joyeux

Le Parc national du Mercantour et le Parco naturale Alpi-Marittime ont donc répondu à l’appel à candidatures de l’EDIT pour la mise en place du premier ATBI d’Europe. Soutenus par le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, les deux parcs sont sélectionnés. C’est en décembre 2006 qu’a débuté un travail de longue haleine, celui de l’ATBI Mercantour/Alpi Marittime, qui est progressivement devenu l’Inventaire Biologique Généralisé Mercantour/Alpi Marittime, le projet le plus ambitieux d’Europe.

Cet appel à projet a permis aux deux parcs d’être plus soudés. En effet, en 2006, de nombreux groupes d’espèces manquent de spécialistes en Europe. Ce phénomène, appelé le handicap taxonomique touche tant les taxonomistes que ceux qui travaillent sur le vivant.  L’appel à projet pour le premier ATBI européen est donc l’occasion d’une grande collaboration entre les biologistes.

Sur le circuit des lacs de Prals du Parc national du Mercantour. Photographie de Charlotte Joyeux
Sur le circuit des lacs de Prals du Parc national du Mercantour. Photographie de Charlotte Joyeux

En 2007 a donc débuté un travail de très longue haleine. Jusqu’à aujourd’hui, près de 350 professionnels se sont déplacés de toute l’Europe et ont travaillé en toute autonomie pour identifier les espèces présentes dans le Parc du Mercantour et le Parco naturale Alpi Marittime. Lorsqu’ils en évoquaient le besoin, le personnel du parc qu’ils étudiaient les accompagnaient pour les guider.

Marie France Leccia, la coordinatrice de l’Inventaire Biologique Généralisé du côté du Mercantour a dévoilé à Radio Oxygène que ces collaborations se sont avérées très utiles avec le temps : « Aujourd’hui, les agents du parc sont beaucoup plus sensibilisés à la taxonomie qu’il y a quinze ans ».

 

 

De grandes avancées… qui demandent du temps

Marie France Leccia a expliqué à notre équipe qu’à cette heure, « 12 000 espèces ont été recensées depuis le début des recherches. Pour certaines, on connaît leur nom, leur lieu de vie, mais on ne sait pas encore si c’est une espèce rare et ce que qui la menace. En ce qui concerne les espèces dont on connait bien l’écologie, on vérifie dans nos bases si certaines sont susceptibles d’être menacées et on tient en compte dans notre réflexion sur les aménagements forestiers et les plans de gestion pastoraux ». Elle a également précisé que les collaborations avec les scientifiques ont surtout permis de « prendre conscience de l’insecte ».

Beaucoup de petits animaux invertébrés grouillent dans les deux parcs examinés au peigne fin par les taxonomistes. Toutes ces découvertes permettent aujourd’hui de « sensibiliser les agents des parcs, qui sont plus initialement formés sur les oiseaux, les plus gros animaux ou la flore ». Par exemple, récemment, elle nous a dévoilé que les équipes du Parc national du Mercantour avaient bénéficié d’une toute nouvelle formation spécifique aux papillons de jour.

Régulièrement, la description des espèces et leur recensement est mis à jour depuis le début des recherches en 2007 et la dernière actualisation de l’Inventaire Biologique Généralisé Mercantour/Alpi Marittime est datée de décembre 2022. Les différents climats qu’offrent le territoire permettent d’accueillir une diversité du vivant qui, à l’origine, ne se côtoie pas forcément.

Le climat alpin, méditerranéen, continental et ligurien et les différentes altitudes de la zone offrent de nombreux habitats qui abritent de nombreuses espèces… À chaque découverte, les équipes du Parc national du Mercantour et du Parco Naturale Alpi Marittimi essaient de communiquer un maximum au grand public les nouveaux habitants qu’ils recensent sur les réseaux sociaux ou sur leurs sites internet respectifs. .

À l’heure actuelle, tout le territoire n’a pas été exploré et tout reste à découvrir ! Vous vous demandez sûrement ce qui n’a pas pu être passé à la loupe en 16 ans de recherches ? Les très hautes altitudes et les zones difficiles d’accès n’ont toujours pas été prospectées, un très grand nombre de groupes d’invertébrés restent encore inconnus de l’Inventaire Biologique Généralisé Mercantour/Alpi Marittime. Un projet passionnant qui demande beaucoup de temps, de prospection et surtout… de passion !

Écrit par: admin

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