Alpes Maritimes

La pollution lumineuse plonge nos santés dans l’obscurité

today27 mars 2023 69 2

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Ces dernières années, on a beaucoup entendu parler de pollution. Pollution de la couche d’ozone, pollution atmosphérique, pollution des océans, pollution sonore… Mais il y a un type de dégradation dont on ne se doute pas et qui est très nocive, pour l’environnement comme pour l’homme. C’est la pollution lumineuse. Le lundi 20 mars 2023, Radio Oxygène vous mentionnait les différentes stratégies du Parc national des Cévennes pour préserver son ciel étoilé. Vous ne vous doutez pas à quel point les territoires ont tout intérêt à mener des actions de réduction de la pollution lumineuse, on vous explique pourquoi. 

La pollution lumineuse, c’est un excès de lumière dans un environnement nocturne produite essentiellement par l’éclairage public, industriel et commercial. Cette lumière artificielle peut être directement émise vers le ciel par les différents lampadaires en ville comme sur la route, les bâtiments et structures illuminées ou les lumières des véhicules par exemple. Mais elle est également produite par le réfléchissement des terrains et des bâtiments. Cet excès de lumière provoque l’apparition de halos lumineux au-dessus des agglomérations, un phénomène causé par la réverbération de la lumière par les poussières et les molécules présentes dans l’atmosphère.

L’effet le plus dévastateur de ces halos lumineux, c’est l’illumination du siècle nocturne et donc la diminution importante du nombre d’étoiles observables. En août 2018, le délégué territorial du parc national des Cévennes Xavier Wojtaszak expliquait à Ouest-France que « l’agglomération de Montpellier avait un impact sur les Cévennes, à 50 km de distance. Celle de Barcelone atteint le Pic du Midi. Cette lumière crée un voile qu’on ne perçoit pas toujours, mais qui dissimule la vision de certaines étoiles. [Le Parc naturel des Cévennes, ndlr] en a perdu ainsi plusieurs centaines sur quarante ou cinquante ans ».

Voie lactée face à la pollution lumineuse, photographie de Rolf van de Wal de Pixabay
Voie lactée face à la pollution lumineuse, photographie de Rolf van de Wal de Pixabay

En janvier 2023, l’Assemblée nationale publiait un rapport sur la pollution lumineuse, notamment sur la pollution massive et en pleine expansion au niveau mondial. Si en 2014, la lumière artificielle touchait 23% de la surface terrestre et 88% des zones industrialisées comme l’Europe, dont 85% du territoire français métropolitain. Entre 2012 et 2016, la surface de la terre éclairée par la lumière artificielle extérieure a augmenté de 2,2% par année !

Le rapport s’est appuyé sur une étude basée sur les sciences participatives qui a montré qu’entre 2011 et 2022, la brillance du ciel, à cause de la lumière artificielle, a augmenté de 10% par an au niveau mondial. Soit un chiffre multiplié par deux en moins de huit ans. Et il se trouve que cette pollution nocturne peut provoquer une véritable gêne pour la faune, la flore mais aussi la santé humaine. 

Les impacts de la pollution lumineuse

À l’origine, l’éclairage artificiel est prévu pour servir les besoins de l’homme, notamment pour assurer plus de sécurité quand il fait sombre. En effet, la pénombre, quand elle est traversée par une source lumineuse, n’est plus si inquiétante que ça. Mais cet éclairage a malheureusement de très mauvaises conséquences sur la biodiversité.

L’impact sur la faune et la flore

Chez les animaux, de nombreuses espèces sont nocturnes : 30% le sont chez les vertébrés et 65% chez les invertébrés. Exposée à l’illumination artificielle nocturne, la faune subit des dérèglements comportementaux, son rythme biologique est perturbé, les interactions entre les différents animaux est modifiée, tout comme l’équilibre des écosystèmes… Cette barrière lumineuse que représente l’éclairage public pour les animaux fragmente leurs habitats et bouleverse complètement leur « quotidien ».

La lumière participe aussi à la vie des végétaux. Si les plantes ont besoin de lumière pour se développer, il ne faut pas oublier que l’obscurité est également très importante pour elles. Un végétal éclairé en continu est susceptible de développer des maladies à cause du stress et son rythme biologique peut être modifié. Par exemple, quand vient le printemps, les bourgeons éclosent plus vite sous un lampadaire, mais sont donc plus affectés par les gelées tardives que provoque la transition entre l’hiver et le printemps. 

Chauve-souris suspendue, photographie d'Eduardo Ruiz de Pixabay
Chauve-souris suspendue, photographie d’Eduardo Ruiz de Pixabay

L’impact sur l’Homme

En ce qui concerne l’Homme, la lumière est associée à une idée brillante ou l’image de la sortie d’un long tunnel sans fin en véritable métaphore de la liberté. Mais l’obscurité est également importante pour qu’il puisse avoir conscience des bénéfices de la lumière… Il faut savoir que l’alternance du jour et de la nuit rythme la sécrétion de certaines hormones et régule les rythmes biologiques. De ce fait, une modification des périodes d’exposition à l’éclairage entraine une perturbation des sécrétions, comme la mélatonine par exemple qui est l’hormone du sommeil, essentielle pour la régulation des rythmes biologiques des individus. 

Attention également à la lumière riche en blanc et bleu, qui est celle des nouveaux éclairages de type LED. En mars 2022, des chercheurs de l’université de médecine de la Feinberg School, à Chicago publient dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences une étude qui démontre que l’exposition à la lumière bleue et blanche a une responsabilité dans les troubles du sommeil, que cela augmente les risques de développer une maladie cardiaque ou le diabète.

Les Réserves Internationales de ciel étoilé 

Afin de minimiser la pollution lumineuse, l’International Dark Sky Association, basée aux États-Unis, récompense une qualité de ciel nocturne exceptionnelle et engage les territoires à mener des actions de réduction de la pollution lumineuse avec le label « Réserve Internationale de ciel étoilé » (RICE). En France, on compte quatre sites référencés par l’International Dark Sky Association : 

Si vous n’avez pas eu l’occasion d’en fouler les sentiers, profitez du printemps et de ses douces températures pour passer une nuit dans un refuge pour admirer le ciel étoilé du Parc national le plus proche de chez vous !

 

Écrit par: admin

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