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Les Pyrénées françaises face au défi d’envergure de la réintroduction du bouquetin ibérique

today14 avril 2023 85

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Le bouquetin ibérique est l’emblème du Parc national de la Vanoise grâce à ses 1800 individus qui parcourent les hauteurs de son parc. Ils représentent aujourd’hui la plus grande population de bouquetins en France ! Dans les Pyrénées françaises, c’est tout le contraire. Depuis plus d’un siècle, le bouquetin ibérique avait complètement disparu des montagnes du Sud-Ouest de la France, partagées avec le Nord de l’Espagne. À l’origine, le bouquetin était pourtant un animal qui faisait partie des Pyrénées. La preuve, il y a 13 000 années, un magdalénien, qui faisait partie de ceux de la dernière culture archéologique du Paléolithique supérieur, avait peint un bouquetin sur les parois de la grotte de Niaux, dans le département de l’Ariège.

Pour réintroduire l’espèce, une étroite collaboration franco-espagnole-andorrane a été mise en place pour que le bouquetin ibérique se retrouve des deux côtés de la frontière Pyrénéenne en tant qu’entité biologique et naturelle, sans aucune frontière. S’il n’était pas évident de concilier les activités humaines telles que la chasse et les activités touristiques avec celles du mammifère, Radio Oxygène vous mentionne cette collaboration qui date d’il y a 30 ans, en 1991. Cette année-là a été discuté un premier rapport de faisabilité, le « Projet de réintroduction du Bouquetin ibérique au versant nord des Pyrénées occidentales ».

Bouquetins ibériques dans le Parc national des Pyrénées, photographie de Jean-Paul Crampe
Bouquetins ibériques dans le Parc national des Pyrénées, photographie de Jean-Paul Crampe

Éviter les contentieux

Le problème, jusqu’en 2012, c’est qu’il était difficile d’obtenir des animaux de la part de ceux qui en avaient encore sur leur territoire. De leur côté, les autorités espagnoles craignaient une banalisation de la chasse au bouquetin alors qu’elle représente un apport économique important pour certaines collectivités espagnoles. Tandis qu’en France, le mammifère est classé espèce protégée sur le territoire. Mais le projet avance. En avril 2014, la mise en œuvre du projet commun de la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité est marquée par une collaboration entre l’Espagne, Andorre et la France. Un traité intergouvernemental a finalement été signé en faveur du retour du bouquetin dans les Pyrénées.

Suivi de près par le Parc naturel départemental des Pyrénées Ariégeoises, ce programme avait pour objectif de comptabiliser à terme 60 animaux sur chacun des sites au bout de 3 années grâce au don des animaux du côté espagnol pour permettre la réintroduction du côté français. Un plan sanitaire a été établi pour garantir un partage de territoire respectueux de la faune sauvage locale, des éleveurs mais aussi de l’homme. Mais la réintroduction d’une espèce sauvage dans un milieu présumé « approprié » est une démarche délicate, qui nécessite de nombreuses précautions et un suivi de la population méticuleux.

Finalement, le 10 juillet 2014, le premier lâcher de bouquetins ibériques a été réalisé sur le site du Clôt, dans les Cauterets, dans un environnement d’escarpements et d’abris, à l’ensoleillement maximum. Un milieu très apprécié de ces mammifères qui donne accès à un milieu de vie ouvert, associé à une alimentation variée. Depuis ce premier lâcher d’animaux de souche ibériques récupérés en Sierra de Guadarrama, dans le Parc national du nord-ouest de Madrid, il est possible de découvrir leur évolution sur la page Facebook des bouquetins des Pyrénées.

Un suivi à la trace

Pour que la réintroduction du bouquetin soit une réussite dans les Pyrénées françaises, son suivi est primordial. Depuis 2014, chaque bouquetin qui a été relâché a été équipé de marqueurs visuels et de colliers émetteurs GPS destinés à faciliter leur suivi dans le milieu naturel. Cette technologie permet  de récupérer de nombreux renseignements sur les déplacements, les limites territoriales, les zones de reproduction et d’hivernage, les taux de reproduction et de survie, la consommation de nourriture et le type d’interaction entre les différents bouquetins. 

Sur le terrain, les gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées et les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage des Hautes-Pyrénées assurent également le suivi des bouquetins ibériques afin de situer chaque animal. Au fur et à mesure des années, des statistiques liées au taux de survie et au taux de fécondité ont été développées et sont visibles le site dédié à la réintroduction du bouquetin ibérique où le grand public peut également transmettre ses observations.

 

Écrit par: admin

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