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L’orpaillage illégal menace l’environnement du Parc Amazonien de Guyane

today11 avril 2023 133 1

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Depuis les années 1990, avec la hausse importante du cours de l’or, la Guyane subit de plein fouet une nouvelle ruée vers l’or. Si des gisements aurifères sont localisables sur tous les continents du globe, l’Amérique du Sud est l’un des plus gros bassins d’extraction d’or. 20% de la production mondiale est concentrée entre le Pérou, l’Équateur, la Bolivie, Minas Gerais, le Nord du Brésil et  le Plateau des Guyanes, réputé pour son mythe de « l’Eldorado ». Dans le Parc Amazonien de Guyane, l’orpaillage à petite échelle, informelle ou illégale, est majoritaire

Cette ruée vers l’or est caractérisée par une très forte augmentation du nombre des sites d’exploitation illégale… Selon le Sénat français, l’orpaillage illégal représentait en 2019 une production de 10 à 12 tonnes par an, menée par près de 10 000 orpailleurs illégaux. La production annuelle déclarée, elle, ne recensait qu’une ou deux tonnes par an en Guyane. Radio Oxygène vous explique de quelle manière l’extraction d’or dans le Parc d’Amazonie de Guyane est nocive au plus haut point. 

L’orpaillage, une grande menace pour l’environnement

Le problème de l’extraction d’or, au-delà des problèmes sociaux que cette pratique illégale engendre, c’est que pour séparer l’or du minerai, du mercure est utilisé en masse. Par exemple, pour récupérer 1 kg d’or, les orpailleurs utilisent 1,3 kg de mercure. Et le mercure est très nocif pour les ressources naturelles locales, qui subissent de plein fouet les conséquences des méthodes d’extraction.

En effet, depuis la hausse du cours de l’or dans les années 90, l’installation massive de camps d’exploitation dévastent les forêts, détruisent les rivières et impactent directement les populations locales.  L’extraction d’or est donc un fléau pour le Parc national d’Amazonie de Guyane. Si depuis 2006, l’usage du mercure est interdit en Guyane, l’orpaillage illégal gangrène et l’utilisation du mercure est toujours d’actualité malgré son interdiction…

 

Orpaillage illégal en Guyane, photographie du Parc amazonien de Guyane
Orpaillage illégal en Guyane, photographie du Parc amazonien de Guyane

Le plateau des Guyanes, dont fait partie le Parc national d’Amazonie de Guyane, est partagé entre le Brésil (Amapá) la France (Guyane), le Guyana, le Suriname, la Colombie et le Venezuela. Ce territoire est aujourd’hui l’un des plus grands massifs de forêts tropicales humides à l’état primaire encore intact de la planète. Mais l’orpaillage incontrôlé est devenu son premier facteur de dégradation ces dernières décennies. En 2018, depuis 30 ans, près de 28 000 hectares de forêts ont été détruits à cause de l’orpaillage en Guyane d’après le Fonds mondial pour la nature (WWF). Depuis le début des années 2010, la superficie des forêts du Plateau de Guyane touchée par l’orpaillage a été multipliée par 3.

L’extraction d’or se développe aux abords des zones montagneuses, dans les terres… Là où les cours d’eau prennent leur source à l’origine. De ce fait, les rejets de mercure dans les cours d’eau polluent et engendrent de lourds problèmes sanitaires. En effet, lorsque le mercure intègre les milieux aquatiques il se transforme en méthyl mercure, un neurotoxique puissant. Cette contamination mercurielle, si elle n’est pas stoppée, peut se concentrer dans les chaînes alimentaires aquatiques jusqu’à atteindre des concentrations importantes dans la chair des poisson carnivores.

En 2012, Rémy Pignoux a réalisé une étude qui montrait que chez les populations locales du Haut-Maroni, commune voisine du Parc national de Guyane, la présence des concentrations en mercure étaient considérables et quatre fois plus élevées que chez les populations du littoral. Dans son étude menée de 2012 à 2017, une baisse du taux de mercure dans le corps des femmes enceintes du territoire a été significative. Cette baisse s’est manifestée après le conseil de moins consommer les poissons du fleuve du Maroni, contaminé par le mercure à force d’être utilisé pour l’orpaillage clandestin. 

Comment protéger le Parc, sa biodiversité et ses populations locales ?

Sur place, les acteurs du territoire sont conscients des risques conséquents de l’orpaillage illégal massif et ils multiplient les missions pour préserver le patrimoine. Le 23 juin 2015 a été définie la politique pénale du Parc national d’Amazonie de Guyane, d’un commun accord avec le Parquet du Tribunal de Grande Instance de Cayenne. Dans ce protocole, l’orpaillage illégal, considéré comme la plus grande menace pour les milieux naturel du Parc national, est une des grandes priorités fixées aux inspecteurs de l’environnement.

Pour lutter contre la problématique liée à l’enrayement de l’érosion de la biodiversité et à la limitation des pollutions, cette police de l’environnement a des attributions et des compétences techniques adaptées. Les agents s’appuient sur les outils de police administrative, dont la vocation est préventive et sur les outils de la police judiciaire, dont l’objectif est de dissuader et de punir en cas de non-respect la loi. Ces dispositifs complémentaires déterminent l’efficacité des différentes interventions. Dans le protocole signé en juin 2015, la mission attribuée aux agents du Parc Amazonien de Guyane est de rechercher et constater toute infraction liée à l’orpaillage illégal.

Les agents peuvent aussi être associés temporairement à des opérations conjointes avec les gendarmes ou les forces armées en raison de leur connaissance du terrain. Ils peuvent guider, connaître les passages, mémoriser le fonctionnement de l’activité illégale grâce à leur mission en autonomie où ils collectent des informations sur l’orpaillage illégal au quotidien. En 2021, le parc national de Guyane recensait 183 missions réalisées dans le cadre de la surveillance des atteintes à la forêt, avec la participation de 650 hommes par jours.

Écrit par: admin

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