Alpes Maritimes

Èze victime de son succès, y a-t-il déjà trop de touristes ?

today25 avril 2023 230 3

Arrière-plan
share close
  • cover play_arrow

    Èze victime de son succès, y a-t-il déjà trop de touristes ? admin

Nous ne sommes même pas encore début mai que le village d’Èze est déjà assailli par des flux de touristes. Nos confrères de chez TF1 se sont rendus sur place le 21 avril 2023 et ont déclaré que le village haut perché recevait « en ce moment (…) 5000 visiteurs par jour, déjà 1000 de plus qu’en août dernier »… Pour nous rendre compte de ce trop-plein de touriste assez prématuré, je suis allée sur place pour Radio Oxygène.

Il est 10h30, j’arrive sur place et le petit parking Fighiera, au pied du village, est déjà complet. La voiture devant moi arrive à récupérer la place d’une femme qui avait déjà terminé son petit tour, après quelques rondes, je me décide à aller chercher ailleurs. Non pas sans mal, au bout d’une quinzaine de minutes, j’arrive à me garer sur la place d’un particulier que je venais d’apercevoir en train de partir. J’ai tout de même laissé mon numéro de téléphone en évidence au cas où. Hors de question que la fourrière vienne s’emparer de ma vieille Twingo qui m’accompagne partout !

Accueillir beaucoup de visiteurs est-il toujours bénéfique pour les commerçants ?

Je monte les remparts du village médiéval et je me rends compte que comparé aux villes que j’ai traversées sur la route plus bas, le temps est frais et gris. Cependant, il y a déjà un peu de monde. Sur ma route, je passe par la galerie d’art Flow. Son propriétaire, Anthony Groebert, me dit que ce flux de touristes lui pose quelques problèmes :

« Tout le monde rentre, touche, crie… Avec les glaces… C’est pas toujours très correct. (…) S’il y a deux-trois groupes qui arrivent en même temps, d’un coup ça fait beaucoup de monde à gérer.C’est vrai que c’est dommage pour les gens qui passent qui ne peuvent pas trop voir le village, apprécier les rues du village. (…) C’est un tourisme express qui passe rapidement. (…) ce n’est pas intéressant pour les commerçants ».

Avec les membres de l’association des commerçants d’Èze, ils se concertent régulièrement pour partager leurs soucis. Mais Anthony Groebert relativise et reconnait que « le but, c’est de faire venir un maximum de monde » et que les grandes foules sont « express » et durent « une demi-heure, une heure ». Malgré ce léger inconvénient provoqué par les grandes masses de touristes, le propriétaire de la galerie d’art ne laisserait pour rien au monde sa place dans ce petit village dans lequel il a grandi.

 

Anthony Groebert, propriétaire de la galerie d'art Flow à Èze, photographie de Charlotte Joyeux
Anthony Groebert, propriétaire de la galerie d’art Flow à Èze, photographie de Charlotte Joyeux

 

Je continue ma promenade, à la manière d’une touriste, et j’arrive par hasard devant l’entrée du Jardin exotique d’Èze. Les visiteurs sont tous en file sur les marches qui promettent l’accès à une merveille de la botanique, bloquant l’accès à ceux qui en sortent. Patrick Le Tiec, responsable de l’Office du tourisme du village, me fait part du nombre d’entrées déjà comptabilisées par le Jardin. « Cette année, le jardin (…) fait des journées supérieures aux journées du mois de juillet de l’année dernière. Pour le week-end de Pâques, ils ont fait 6700 personnes en trois jours. Ça fait 2000 entrées par jour. Là, c’est beaucoup. On a des chiffres qui sont des chiffres de la pleine saison« . 

Deux types de touristes

Parmi ces visites, « plus de la moitié de la fréquentation est étrangère ». Parmi eux, cette année, l’Office du Tourisme n’a comptabilisé que 35% de français. Patrick Le Tiec me signale que « les américains reviennent, les asiatiques reviennent : les chinois reviennent en force et même les coréens et les japonais ». Le directeur distingue au sein du village deux types de touristes :

« le touriste qui est en croisière et qui est en autocar. On lui a mis un programme dans la matinée : il va faire le vieux-Nice, Èze et aller déjeuner à Monaco. Et il y a les particuliers (…), on s’est aperçus qu’ils prennent leur temps. On donne des petits jeux pour les enfants et on note à quelle heure on les a donnés et on regarde à quelle heure ils reviennent. L’année dernière, il se passait entre quatre et cinq heures ».

Les types de tourismes sont donc différents selon que vous veniez en voyage organisé ou que vous veniez par vous-même. Mais le point commun, c’est que le village qui surplombe la presqu’île de Saint-Jean Cap Ferrat attise la curiosité de tous ceux qui voyagent sur la Côte d’Azur. Pour Patrick Le Tiec, les touristes recherchent tous « Le jardin, c’est un poste photo magnifique. (…) On a une autre vitrine, (…) c’est les cinq étoiles, c’est les tables étoilées. En ce moment, la cuisine est en plein boom, on parle des chefs du château Eza qui a eu une première étoile. (…) Vous avez un troisième élément à Èze, ce sont les parfumeries ».

 

Patrick Le Tiec, responsable de l'Office du tourisme d'Èze, photographie de Charlotte Joyeux
Patrick Le Tiec, responsable de l’Office du tourisme d’Èze, photographie de Charlotte Joyeux

 

Le responsable de l’Office du tourisme reconnait que cette année, « Ça part fort » et estime même que ce grand nombre de touristes pose des problèmes : « le stationnement est le premier problème. On a un parking de six étages dont la construction va être terminée au mois de juillet, on a un parking de délestage sur la grande corniche avec 250 places, (…) et on a des navettes gratuites« . Si le stationnement et le transport sont anticipés, Patrick Le Tiec reconnaît qu’il « y a des moments, quand quatre bus de croisière arrivent en même temps, c’est un peu engorgé quand même« .

Quelques solutions pour lutter contre les embouteillages de rue

Alors quelle est la solution ? Comme à Portofino en Italie, face à l’afflux excessif de touristes, interdiction aux visiteurs d’arrêter de marcher sous peine de recevoir une lourde amende ? Le village d’Èze est loin d’adopter cette décision. Les acteurs de la commune ont déjà mis en place quelques vendeurs en plus au niveau du Jardin exotique pour « fluidifier » les passages à l’entrée, également des bornes automatiques sont à disposition pour éviter une file d’attente trop longue.

Des gardiens supplémentaires sont aussi demandés au sein du Jardin car, qui dit beaucoup de monde, dit beaucoup de débordements. En effet, les visiteurs s’amusent à « écrire sur les plantes, les tailler à coup de couteau ». L’office du tourisme a également pensé à créer un graphique sur son site internet pour dévoiler les heures d’affluence afin « d’étaler un peu la courbe », parce que selon le directeur, « le matin, à neuf heure et demi, il n’y a pas grand monde ! ».

Vous l’aurez compris, pour vous imprégner du village en toute tranquillité, il va falloir que vous vous leviez avant les autres !

Écrit par: admin

Rate it
0%