Environnement

Face à la surpopulation, les parcs nationaux passent à l’action !

today14 août 2023 59 1

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Les nombreux joyaux dont regorgent les Parcs Nationaux de toute la France attirent les curieux. Seulement, de plus en plus de lieux protégés accueillent une surpopulation de randonneurs. Cela pose problème aux équipes du parc national des Écrins qui, depuis quelques années, voit son paysage de carte postale se modifier au fur et à mesure des visites.

Pendant l’été et les jours de grand soleil, le lac du Lauvitel, situé à 1 530 mètres d’altitude, considéré comme l’un des « plus beaux sites de l’Oisans » selon l’office de tourisme de la commune, accueille de nombreux visiteurs. Et cela se comprend : en effet, les amateurs d’alpinisme viennent profiter du cadre et d’une bonne pause de fraîcheur loin des chaleurs étouffantes de la ville. Si le lac du Lauvitel accueille en moyenne 200 personnes par jour en été, depuis ces trois dernières années, le site fait face à une surpopulation qui peut s’avérer problématique…

En effet, en 2021 et 2022, le mois d’août atteignait des pics à 1 000 personnes par jour. Cette surpopulation provoque des pressions sur le milieu, à cause du bruit et certains comportements. Pierre-Henri Peyret, chef du secteur Oisans/Valbonnais du parc national des Écrins a expliqué aux journalistes de Montagnes magazine mardi 8 août 2023 : « Ce n’est pas seulement le nombre de personnes qui pose problème, mais aussi les usages que l’on observe ». Selon les agents du parc, les visiteurs du parc national écoutent de la musique qui résonne dans le massif, survolent le site avec des drones, se baladent en paddle sur le lac, font des soirées festives, des feux de camp...

L’effet de cette surpopulation et de ces comportements font que les marmottes disparaissent pendant les journées d’été. « Elles sont constamment dérangées par des gens qui veulent leur donner des chips et qui s’aventurent en dehors des sentiers, ce qui contribue également à fragmenter le milieu », a regretté Pierre-Henri Peyret. Mais les équipes du parc national des Écrins craignent aussi que les baignades dans le lac du Lauvitel agissent sur son écosystème à long terme : « Pour les lacs d’altitude, les crèmes solaires sont de vraies bombes chimiques à retardement, pour des eaux dont la dynamique est très lente ».

Le pré de madame Carle face à la surpopulation, photographie de KASPLA de Pixabay
Le pré de madame Carle face à la surpopulation, photographie de KASPLA de Pixabay

La crise sanitaire et la crise climatique, les éléments déclencheurs

Le lac du Lauvitel n’est pas la seule zone des Écrins à faire l’objet d’une surpopulation en période estivale. Le pré de Madame Carle, dans la vallée de la Vallouise, au-dessus d’Ailefroide, voit lui aussi passer une forte fréquentation. Selon les chiffres de l’office de tourisme, le pré de Madame Carle, considéré comme une « merveille touristique du Pays des Écrins » voit passer chaque année 150 000 personnes.

Du côté du Valgaudemar, la surpopulation de l’été se concentre autour du cirque de Gioberney, accessible par la route et connu pour sa cascade du Voile de la mariée. La zone est le départ de nombreuses randonnées, l’office de tourisme, qui mentionne cette cascade comme l’« apothéose de la vallée », parle même de « petite Himalaya ».

Face à la hausse du niveau de fréquentation du parc depuis ces trois dernières années, Ludovic Schultz, directeur du parc national des Écrins, évoque face à nos confrères de Montagnes magazine un phénomène « préoccupant ». Au sein du parc, tous identifient une même chronologie qui a largement modifié le taux de la fréquentation : « L’après-Covid a été un moment de vérité. On a pris conscience des choses. Il faut croiser le phénomène avec le réchauffement climatique, dont on sent les effets sur l’attractivité des lacs de montagne, où les gens viennent chercher de la fraîcheur« , a observé Ludovic Schultz.

Lutter contre la surpopulation et les mauvais comportements

Face à cette concentration importante observée dans le parc national des Écrins en période estivale, les équipes du parc ont tenté de réagir dès 2020 en mettant en place des actions de sensibilisation. L’objectif est que les néo-montagnards aient accès à certaines connaissances qui les aideront à mieux s’adapter au milieu dans lequel ils se promènent, afin de le respecter. Le parc a donc renforcé sa présence physique, en recrutant des jeunes en service civique pour accompagner les gardes-moniteurs sur le terrain et renforcer l’accueil du public.
Des chalets d’accueil ont également été installés aux portes d’accès du parc, notamment au départ de l’itinéraire menant au lac du Lauvitel, afin que les randonneurs soient sensibilisés. Si les agents s’attendent toujours à une fréquentation élevée, le dispositif sera plus musclé cet été 2023 avec des patrouilles organisées en collaboration avec la brigade de gendarmerie de Bourg-d’Oisans. Si ces patrouilles étaient déjà en place les années précédentes, elles sont plus fréquentes cet été 2023.
Le prochain dispositif mis en place dans le parc national des Écrins sera la délimitation de zones hors desquelles le bivouac sera strictement interdit. Notamment dans les secteurs du Lauvitel et du lac de la Muzelle. Pierre-Henri Peyret a également remarqué le mode de promotion de la montagne qui est l’une des causes du problème : « Quand on passe de 8 à 40 tentes sur un site, on est obligés de réagir. La montagne sauvage est associée à la notion de liberté. Il faut qu’on injecte aujourd’hui dans ce discours de promotion la notion de fragilité, de respect et de règle. La montagne n’est pas un lieu où on peut faire ce qu’on veut ».

Écrit par: admin

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